J’ai eu la chance de venir directement chez elle. Pour un grand peureux comme moi, c’était plutôt bien. C’est vrai quoi, j’ai besoin de sécurité moi ! Alors, au début, enfoui sous le lit, j’ai pris le temps de m’acclimater. Au bout de trois semaines, j’ai campé devant le frigidaire à l’heure des repas. 

Ensuite, chaque fois que je voulais qu’elle vienne vers moi et me fasse un câlin, je me mettais devant mon assiette et j’attendais à manger et des caresses. 

Je jouais la nuit avec toutes les balles mises à ma disposition, sans faire de bruit des fois que je me fasse gronder… On ne sait jamais ! Elle cherchait les balles et me les rapportait sur mon tapis. Elle jouait aussi avec moi  à l’aide d’un grand lacet.  

Petit à petit, j’ai quitté le dessous du lit pour me risquer sur le canapé et le lit, d’abord quand j’étais seul à la maison, puis la nuit. Elle a commencé à m’attirer sur le canapé avec des bonnes croquettes Whiskas irrésistibles. C’est mon péché mignon. A force de patience, j’ai fini par suivre les croquettes et m’installer contre elle. Mais là, attention, pas question qu’elle bouge ! Aussitôt, je m’éclipse et tout est à recommencer. Malheureusement, c’est encore vrai aujourd’hui !  

Après deux visites chez le vétérinaire, (et deux kilos pris !), elle m’a offert un truc plein de couleurs et qui roule. Elle appelle ça un Pipolino.  J’ai regardé ça de travers avec la ferme intention de fuir me planquer au cas où il voudrait  m’attaquer. Mais elle l’a fait rouler et des croquettes s’en échappaient. Bizarre ça ! J’ai mis un temps fou à comprendre ce qu’elle attendait de moi. Heureusement, elle n’a pas suivi les conseils du vendeur qui disait qu’il ne fallait pas me donner autre chose à manger jusqu’à ce que je comprenne ! Elle est plutôt pour la manière douce et l’apprentissage, et elle m’a montré tous les jours comment faire jusqu’à ce que je me lance. C’est vachement bien ! Je prends mon élan et le truc roule et me donne plein de croquettes ! Un petit coup dans l’autre sens et c’est gagné ! N’allez surtout pas croire que je joue avec quand il est vide ! Je m’assieds à côté et elle comprend. 

A la troisième visite chez le véto, j’ai appris avec horreur que mon régime alimentaire allait changer. Diminuer de moitié ma ration quotidienne, oups ! Pas facile ça ! C’est vrai qu’en trois mois, j’avais doublé mon poids ! Et le vétérinaire a même conseillé de me donner des haricots verts ou des courgettes. J’ai vite montré mon désaccord des fois qu’elle m’en mette deux fois par jour dans ma pâtée ! L’avantage, c’est qu’avec mon traitement homéopathique pour empêcher mon calicivirus de proliférer,  elle veut que je mange… Les courgettes j’ai montré que ce ne serait pas possible et elle n’a pas insisté. Elle a continué les petits extras pour les week-ends  car j’adore partager ses repas. 

Elle a invité des gens pour qu’ils me connaissent. Et même un bébé humain ! L’horreur ! Je me suis planqué sous le canapé puis discrètement sous le lit sans que personne ne me voie. Sauf que le bébé est venu dormir dans MA chambre. Vous imaginez ça, un bébé hurleur dans la même pièce que moi ! J’ai mis du temps pour m’en remettre et depuis, je ne me cache que sous le canapé…  

Pour le départ en vacances, je n’ai jamais voulu aller dans mon panier. Les préparatifs m’ont angoissé à tel point qu’il a fallu me chercher une nounou qui vienne me nourrir et me chouchouter deux fois par jour. Rester tout seul dans ma maison… Finalement, j’aime mieux quand elle est là ! Alors à son retour, j’ai joué la glue, collé à elle dès que je le pouvais. Puis, elle est retournée travailler. Forcément ! J’ai boudé ! Mon comportement de grand peureux a repris le dessus. Alors elle a cru bien faire en me proposant d’accueillir un copain. Hélios est arrivé ! Le pauvre, j’ai eu tellement peur d’être de nouveau abandonné, qu’il prenne ma place… Je l’ai effrayé avec mon angoisse et il m’a attaqué. Il a fallu l’enfermer dans la chambre. Moi, j’ai mis un temps infini à sortir de sous le canapé. J’ai hurlé ma terreur de l’abandon devant la porte d’entrée, cherchant à fuir. Elle a eu peur et Hélios est reparti. J’ai fait comme s’il ne s’était rien passé. C’est sûr, j’étais rassuré mais pas très fier de moi ! J’ai repris confiance en elle. J’aime bien ma maison… 

Aujourd’hui, après neuf mois de cohabitation, j’ai encore peur des mouvements brusques, des couvertures, du bruit des voisins, du nouveau coussin/corbeille qu’elle m’a acheté… J’adore toujours jouer avec mes balles et avec les mouches ou autres bestioles volantes avec lesquelles je fais des parties de courses endiablées. Je clame mon plaisir à l’aide d’une mélopée très élégante. Elle dit que j’ai une belle voix douce. Je lui parle quand elle se met devant l’ordinateur et j’attends qu’elle me caresse tout en me mettant loin d’elle car ça se mérite de me faire des câlins ! Elle peut aussi me brosser si je ne vois pas la brosse. Pourtant j’aime bien ça mais va comprendre ! Voir cette brosse m’inquiète un peu. Je viens la rejoindre dans son lit le matin pour attendre qu’elle me donne à manger. Là, je la fixe et dès qu’elle ouvre un œil, je lance un « Rouou » signifiant que je suis content et qu’elle peut s’occuper de remplir ma gamelle. Après m’être sustenté, je viens chercher des câlins, me recouche contre elle. Il faut juste qu’elle pousse les couvertures pour me faire une place. Je viens même mettre ma tête contre la sienne. Elle peut bouger doucement sans que je parte !  

J’ai encore du chemin à faire pour lui accorder toute ma confiance mais je crois qu’elle m’aime bien. Elle met beaucoup de bonne volonté pour m’apprivoiser alors…  

Chut ! C’est un secret ! Je crois que je l’aime bien… 

Socrate alias Sokrat, (ex Houston) 

4 novembre 2012